This is to
inform the community that Satprem, who worked closely with the Mother
on various books and later compiled the Mother's Agenda, has passed
away at the age of 84 on Monday, April 9th of this year
Voie de Terre,
nous sommes tous responsables.
Le grand frère Satprem nous a quittés.
Lorsque j’ai lu ce message, je ne sais trop ce que j’ai
ressenti. Une impossibilité, un canular, une émotion,
une paix, la réalité du fait ? Sans doute tout cela en
même temps. Je crois même avoir perçu une légère
humidité dans les yeux, mais peut-être l’ai-je rêvée,
tout simplement, en tout cas je me suis empressé de l’oublier
? Outre semble t’il encore jusqu’à lors que le fait
que notre vie physique est une réalité pour le moins remarquable
et difficilement incontournable, ce fait de mourir n’en demeure
pas moins tout autant incontournable et commun, voire tout bonnement
banal et anodin, cela ne date pas d’hier et a déjà
fait ses preuves, n’est-ce pas ? Mourir ? Quitter son corps ?
Cracher son corps ? Quelle que soit l’expression consacrée,
je ne puis me résoudre à imaginer un seul instant que
cet homme se puisse nous avoir quittés. Après tout cet
Œuvre fabuleux accompli pour établir les ponts de la Reliance
entre ces maîtres que furent La Mère et Sri Aurobindo et
le monde « circumun-un-petit-peu-conscient-voire-pas-conscient-du-tout
» environnant, comment se pourrait-il qu’un être qui
ait tant creusé dans la réalité de son corps et
de son âme pour envisager avec autant de foi l’unification
de l’Esprit et de la Matière se puisse mourir, voire disparaître
tout simplement, comme ça, d’un coup de baguette magique
? D’évidence Satprem est un magicien, mais un magicien
du monde de Terre, il appartient à cette voie spécifique
de réalisation et d’accomplissement bien terrestre. Et
puis, pourquoi ne pas mourir, quitter son corps ou tout simplement tirer
bien gentiment sa révérence lorsque nous ne faisons le
plus souvent que survivre dans un monde si peu soucieux d’évolution
intérieure — d’avec ce que de tels changements et
transformations à transmuer dans des corps et des esprits si
peu propices à l’évolution se peuvent constituer
d’impossibilités sinon de difficultés ? D’évidence
notre Terre n’est pas encore prête, n’est pas encore
née, Elle est… en voie évolutive, Elle est la pensée
rêvée d’un Démiurge tout croyant qui croît
en son Devenir, Elle est la Gemme diamantée en élaboration,
animée des soubresauts inhérents à l’étaiement
si encore douloureusement délicat et précis d’une
architecture encore par trop incertaine. Le Temps, ce foutu Facteur,
ce Préposé à l’illusion associé à
sa grande comparse la Mort, nous offre et nous propose au menu de nos
yeux encore embourbés la vision de ces manques à nos propres
nous-même, nous révèle l’inaccomplissement
de notre Être, nous accorde encore et encore de mourir ou de quitter
notre corps, notre véhicule du moment, nous convie à réflexion
de cette immense pensée de ce que se pourrait devenir notre fabuleux
vaisseau spatial terrestre si la Conscience l’’emprégnait’
plus totalement jusqu’en l’infime atome que nous cherchons
désespérément, comme preuve irréfutable
et tangible de notre existence, à entrevoir au bout de nos microscopes
électroniques ; pourtant c’est là et bien là,
et il n’est nul besoin de sophistication technologique pour le
« Vivre ». Satprem, le bel oiseau blanc rebelle et avide
de liberté et de fraternité vraies n’a pu faire
autrement que de mettre les voiles plein vent arrière vers un
Subtil en germe d’enracinement futur plus certifié, et
cela pour cette Terre symbole, lorsque le Supramental ne sera plus que
pensée ou mot d’espérance voire de fiction rêveuse
ou fumeuse, mais bien la Réalité dorée d’un
Soleil de Vérité sans ombres. Et très certainement
nous aurons l’occasion de mourir nous aussi de l’encore
et l’encore atavique et récurrent, comme déjà
nous sommes déjà morts avant que ne naître plus
véritablement de certitude retrouvée, morts de l’étroitesse
de nos petitesses, que nous traînons comme queue de comète
sur le fil errant de nos survies-transit et de nos exils récurrents
; fait et constat de nos séparation et clivages intérieurs,
présents karmiques acquis par droit de cuissage de naissance
physique. Nous sommes ces morts-vivants qui cherchons dans le secret
inavoué et parfois quelque peu honteux de ce « pas encore
né ! » qui nous talonne, le Corps de la Vie, ce scintillement
magique et quelque peu miraculeux en ces ères « honnêtement
barbares » qui fait que la vie se deviendrait tout soudain presque
volage et fluide comme vif-argent, qui fleurit dans les robes de l’Amour,
ce même Amour qui est le langage de l’Acceptation et du
Sacrifice. Faire du « sacré », reconnaître,
pressentir, faire re-connaissance de ce Devenir inné déjà
‘entissé’ en les fibres du secret de nos cellules
afin qu’Il soit effectivement bien là, révélé,
bien réel, et non pas cette misère ‘décalcomaniaque’
dans laquelle nous traînons et nous nous vautrons que bien trop
confortablement de commodité d’oubli. Nous sommes encore
possédés, nous ne nous possédons pas encore. Lorsque
toutes traces d’ego seront effacées, Ô Sri Aurobindo,
Ô Mère, Ô Satprem, lorsque nos désirs de tout
genres ne seront plus que vagues mémoires flottantes appartenant
aux limbes de l’oubli évolutif, alors le Divin s’appropriera
son Corps, son Corps de Terre aimé et aimant, et nous serons
alors très certainement les témoins vivants de Son immortalité.
Et nous serons dès lors indubitablement frères, frères
d’humanité retrouvée !
Saint Laurent du
Maroni
14 avril 2007